Prix littéraire algérianiste « JEAN POMIER » 2014

Prix algérianiste "Jean Pomier " 2014

Roger Vétillard

pour

"20 août 1955 dans le nord-constantinois, un tournant dans la guerre d'Algérie?"

Editions Riveneuve

«Visant Constantine, Philippeville et de nombreux centres du nord-constantinois, un sanglant mouvement insurrectionnel déclenché samedi à midi est écrasé en quelques heures» titre L’Echo d’Alger du 21 août 1955. Déclenchée le 20 août 1955 par l’Armée de libération nationale, la branche armée du FLN, avec le soutien d’une partie de la population, l’attaque vise simultanément une quarantaine de centres dans le nord-constantinois. On parle de «massacres des Européens», de répression féroce des parachutistes français avec «une centaine de victimes algériennes pour chaque victime européenne».

Au total, 133 civils européens au moins, 45 membres des forces de l’ordre et 35 musulmans francophiles ont été tués. Il est difficile de dénombrer les morts parmi les insurgés estimés à 6000 ou 7000. Au travers de l’étude de nombreuses sources françaises (administration, justice, police, armée, militaires appelés, pieds-noirs, presse) et algériennes (membres du FLN et de l’ALN, presse, archives), complétée par une importante recension de la presse mondiale, l’auteur revient sur les causes invoquées de ce soulèvement qui sont nombreuses et parfois hypothétiques. Il retrace l’organisation minutieuse de l’insurrection comme de la répression et analyse leurs conséquences sur ce qui allait devenir la guerre d’Algérie.

Roger Vétillard, est médecin cancérologue-pneumologue, est né à Sétif en 1944. Passionné par l’histoire de l’Algérie contemporaine, il y consacre de nombreuses recherches. Il est l’auteur de «Sétif, mai 1945 : massacre en Algérie» (éditions de Paris, Versailles, 2008) qui a reçu le prix Robert Cornevin de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (2008).

La mention spéciale du jury

Anne Dulphy

pour

"Entre l'Espagne et la France, L'Algérie des Pieds-Noirs"

Edition Vendémiaire

En 1962, à la veille de l’indépendance de l’Algérie, un Pied-Noir sur deux avait des origines espagnoles. Cette immigration, parvenue à son apogée dans le dernier tiers du XIXe siècle et jusqu’en 1914, s’est fondue dans le creuset algérien, qui a façonné une population aux mœurs, aux références et au langage spécifiques, partagée entre son pays d’origine, la «petite patrie» où elle vivait désormais, et la France, puissance tantôt bienveillante tantôt défiante à l’égard de ces nouveaux venus. Ainsi s’est tissée, en Oranie surtout, une trame faite d’emprunts culturels et de revendications politiques qui a donné une couleur particulière à toute la communauté des Français d’Algérie.

En mettant en lumière cet apport fondamental et méconnu, c’est à une autre histoire des Pieds-Noirs que convie cet ouvrage.

Anne Dulphy, est normalienne, agrégée, professeur d’histoire contemporaine à l’École polytechnique, chercheur rattaché au Centre d’histoire de Science Po. Elle a notamment publié La France au risque de l’Europe (2006). Ses recherches portent actuellement surles relations franco-espagnoles, plus particulièrement dans le cadre de l’Algérie française.