Sur la route entre Aïn-Témouchent et Oran
Témoignage de sa fille Simone Benhamou.
Le 5 juillet 1962, ma mère se rendait en voiture avec M. Fraysse, professeur de maths à Tlemcen (dont les parents habitent Beaune en Côte-d’Or) à Oran. On sait qu’ils ont fait un arrêt à Aïn-Témouchent et repris la route vers Oran, aux environs de 10 heures du matin. Ils ne sont jamais arrivés à destination.
Lorsque nous avons appris leur disparition et le carnage du 5 juillet 1962, ma sœur Régine, qui venait d’arriver en France ce même jour, s’est rendue le 12 juillet à Paris pour contacter notre oncle, Émile Benhamou, inspecteur général de la police nationale, patron de la police judiciaire et de la répression des fraudes, pour l’informer de la situation.
Il lui a remis une lettre de recommandation pour le général Katz, qui se trouvait à Oran et une lettre d’introduction pour M.-Ben Bella qui se trouvait à Tlemcen.
Donc le 15 juillet, ma sœur a rencontré le général Katz qui lui a promis de faire « tout ce qu’il pourrait pour avoir des informations, mais qu’il ne fallait pas se faire d’illusions ». Le 16 juillet, elle rencontre M.-Ben Bella à la Villa Rivaud (à Tlemcen), qui a promis, lui aussi, de faire tout ce qui serait en son pouvoir. Ce même jour, rencontre avec le chef de la Wilaya à la préfecture de Tlemcen, qui ne lui a laissé aucun espoir de retrouver les corps, compte tenu de la situation. Puis ce fut une longue attente…
En septembre, ma sœur a quitté l’Algérie avec mon père, avec toutes les difficultés et péripéties que l’on imagine. Nous avions une tante au Maroc, à Kenitra, qui était très liée avec la famille du roi du Maroc. Elle a essayé de les faire intervenir… mais sans résultats… J’ai pu rassembler quelques courriers et documents dont je vous adresse photocopies.
P.J. Extrait de naissance de Renée Benhamou ; Attestation de la disparition ; Lettre du 14 septembre 1993 adressée au procureur de la République d’Angoulême ; Réponse à cette lettre du 31 décembre 1993 ; Lettre du 25 janvier 1994 adressée à M. le directeur du Service central d’état-civil ; Lettre du 26 janvier 1994 adressée au consul général de France à Oran ; Jugement déclaratif de décès n°-177 reçu de Nantes le 28 janvier 1994.