Alger
Témoignage de sa cousine germaine Suzanne Samperez.
Comme suite à votre appel de décembre 2003, je voudrais témoigner au sujet de la disparition de mon cousin germain (nos deux mères étant sœurs), il s’agit d’Henri Pény. Ce garçon, étudiant en médecine, était âgé de 21 ans au moment des faits.
Il a disparu le 4 mai 1962, à la sortie de la cité universitaire de Ben-Aknoun aux environs de 8 heures du matin. Il était en compagnie d’un étudiant en pharmacie, Francis Buchette, âgé de 22 ans qui, lui aussi a disparu au même moment. Ils devaient prendre un bus pour se rendre à la faculté d’Alger. Henri Pény était le fils du Dr Georges Pény, médecin à Koléa, qui a été rapidement évacué vers la métropole par l’armée française. Mon père (colonel d’aviation en retraite) et moi-même, avons entrepris des recherches sitôt prévenus soit le jour même. Nous avons eu la possibilité d’entrer à la prison Barberousse, de rendre visite aux pensionnaires d’une maison close proche de la cité universitaire et de visiter la morgue de l’hôpital de Mustapha chaque jour. J’ai surtout eu l’opportunité de rencontrer un membre du CICR présent à Alger à ce moment-là. Il a pris ma demande de recherche en considération et m’a indiqué qu’aucun membre du CICR ne pouvait se déplacer hors d’Alger, sans risquer sa propre vie. Dans les jours qui ont suivi ces disparitions, j’ai appris (mais je ne sais plus comment), que les deux étudiants auraient été arrêtés par la police française, transférés à Lyon, puis de nouveau à Alger, pour être remis aux autorités algériennes (vrai ou faux ?). Rentrés en France le 17 juin 1962, nous n’avons plus jamais eu de nouvelles, sinon une fois de plus un « on-dit » en 1964 ou 1965 : Henri Pény aurait été à ce moment-là dans une clinique de l’est de la France, à la frontière suisse ou allemande, sans plus de précisions. Je n’ai jamais réussi à localiser la dite clinique. Depuis, le Dr Georges Pény est mort (1982), mon père aussi (1984) et je n’ai jamais eu d’autres nouvelles. Je ne peux malheureusement pas vous fournir de photo d’Henri Pény, ayant quitté Alger avec deux valises qui m’ont été volées à Paris en octobre 1962 et notre déménagement ayant fini sa course dans le port d’Alger à la même époque. Je vous remercie pour tout ce que vous faites pour notre communauté et vous assure de mon soutien et de mon aide si elle s’avérait utile…
Henri Pény avait 21 ans.