Le 5 juillet 1962,
Oran
Oran
Témoignage de l’intéressé.
Je, soussigné Charles Moha, né le 8 octobre 1943 à Oran, Algérie, déclare avoir été enlevé le 5 juillet 1962 par des militaires F.L.N.
Cet enlèvement s’est produit au matin vers 8 heures, au carrefour dit « Tir au Pistolet » à Eckmülh, quartier sur les hauteurs d’Oran. Je précise qu’à ce moment, j’attendais un autobus qui m’emmenait à mon travail, un salon de coiffure situé 27 rue de Tlemcen. Donc, subitement, une camionnette tôlée de marque Citroën s’est arrêtée. Trois hommes vêtus d’uniformes militaires, se sont emparés de moi avec violence et m’ont jeté littéralement dans ce fourgon. Il s’est arrêté peu après et deux autres personnes, le père et le fils, propriétaire d’un bar, ont été enlevés à leur tour et m’ont rejoint à bord du véhicule qui s’est dirigé vers le lycée
Ardaillon, transformé en caserne, où j’ai subi pendant trois semaines des interrogatoires répétés durant toute la journée et souvent la nuit, afin que je réponde sur des questions concernant des membres de réseau OAS, recherchés activement par ces militaires. J’ai donc subi des blessures provoquées par des coups de poing, de pieds sur toutes les parties du corps. Ils ont appliqué des cigarettes allumées sur mon dos pour savoir si tel nom prononcé par ces tortionnaires avait eu une appartenance avec l’OAS.
Ardaillon, transformé en caserne, où j’ai subi pendant trois semaines des interrogatoires répétés durant toute la journée et souvent la nuit, afin que je réponde sur des questions concernant des membres de réseau OAS, recherchés activement par ces militaires. J’ai donc subi des blessures provoquées par des coups de poing, de pieds sur toutes les parties du corps. Ils ont appliqué des cigarettes allumées sur mon dos pour savoir si tel nom prononcé par ces tortionnaires avait eu une appartenance avec l’OAS.
Après ces interrogatoires, on m’emmenait dans les sous-sols de cette caserne, privé de nourriture avec 25 autres Européens qui connaissaient le même sort que moi.
Je dois préciser que ma mère avait été avertie par une voisine algérienne ; le fils, militaire et chargé de la surveillance dans cette caserne m’avait rencontré, et j’avais donc alerté sa propre mère afin que celle-ci précise à la mienne que j’étais toujours vivant, mais enfermé.
Les démarches répétées de ma mère auprès des autorités, les appels pressants de la Croix-Rouge française, ont fait aboutir à ma libération et à celle des 25 personnes présentes. Cette libération a eu lieu le 25 juillet.
Je reste persuadé que nous avons été les seuls Européens libérés à Oran.
Cette libération a paru dans le journal L’Écho d’Oran du 26 juillet 1962, mais dont je n’ai pas gardé l’article.