Oran
Témoignage de ses parents M. et Mme Antoine Orts.
En réponse à votre lettre dans laquelle vous nous demandez de relater la disparition et la souffrance de notre famille concernant la disparition de notre enfant. Nous sommes nés, mon épouse en 1915 et moi en 1909. Mon fils, Antoine Orts, né le 21 septembre 1939, après 36 mois d’armée au djebel, a été démobilisé en France en 1962, à Nancy. Nous voulions qu’il reste en France, mais il nous avait dit que sa place était auprès de nous et surtout qu’il voulait voir ce qui se passait en Algérie. Il a trouvé du travail rapidement à la préfecture d’Oran. Le 5 juillet 1962, il devait se rendre à son travail. Malheureusement, pas de trolleys, pas de taxis. Il est revenu à la maison et je suis allé le conduire avec mon triporteur au centre-ville où je l’ai déposé devant la préfecture. Il a travaillé toute la matinée et à midi, il est sorti du travail pour se rendre à la maison. Là, une camionnette F.L.N. les ont pris. Ils étaient nombreux. Ne le voyant pas rentrer, nous nous sommes inquiétés et nous avons commencé à faire des recherches en compagnie d’amis, où nous-mêmes, avons échappé à un enlèvement. Nous avons tout laissé. Commerce, maison et un fils qui allait avoir 23 ans. La Croix-Rouge et le gouvernement français ont fait des recherches qui n’ont abouti à rien. La disparition de notre fils, encore aujourd’hui, malgré les quarante-deux ans passés, ne sera jamais oubliée. Nous avons énormément souffert et nous souffrons encore aujourd’hui malgré notre âge. Mon épouse a 89 ans et moi 95 ans. La pire souffrance pour une famille est de rester sans nouvelle de l’enfant, de l’être qu’on a enfanté !