Pierre Blanchard (1892-1963)
Pierre Blanchard
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À Philippeville, maintenant Skikda, dans la rue Clemenceau, la rue principale du port de la côte constantinoise, s'alignaient sous les célèbres arcades les vitrines d'un grand magasin de tissus, mercerie, confection homme et femme au nom des « Successeurs de A. Blanchard ». Sa publicité précisait: « Nouveautés – Maison fondée en 1856 ».

La rue Clemenceau à Philippeville
Où se situait le grand magasin « Successeur de A. Blanchard »
appartenant aux parents de l’auteur, ( coll. part.)


Le cinéma (muet) en pleine expansion a besoin d'artistes à la personnalité et au jeu marqués pour toucher le plus vaste public. Ainsi en 1922, il interprète Lamartine dans « Jocelyn » de Léon Poirier. Parmi ses nombreux films, on peut citer: en 1924 « L'arriviste » d'André Hugon, en 1928 « La valse de l'adieu » d'Henry Roussel, en 1929 « Capitaine Fracasse » d'Alberto Cavalcanti, œuvre qui a un grand succès. Il est devenu le jeune premier romantique par excellence. C'est à cette époque qu'il est surnommé « le prince du cinéma ». Au théâtre, Marcel Pagnol le fait jouer dans « Jazz » en 1926. Un jour, en 1929, rentrant d'Angleterre, car il est demandé par les réalisateurs aussi bien à Paris qu'à Londres, Rome ou Berlin, Pierre Blanchar rencontre Pagnol, lui rapporte qu'il vient d'assister à la présentation d'un film parlant et le convertit à cette nouvelle technique.


Aussi est-il très sollicité et il va tourner, de 1930 à 1934, dans vingt-sept films. Parmi eux citons: « Les Croix de bois » (1931), tiré du roman de Roland Dorgelès, réalisé par Raymond Bernard; sa cruelle expérience de la guerre des tranchées l'avait, ô combien, préparé à ce rôle. « L'Atlantide » (1932) tiré du roman de Pierre Benoit, réalisé par G. Pabst; malgré le succès du film, son jeu y est trouvé quelque peu outré. « Crime et châtiment » (1934), tiré du roman de Dostoiëvsky, de Pierre Chenal; il y campe un Raskolnikov hallucinant. « Un carnet de bal » (1937) de Julien Duvivier; celui-ci y a réuni le gotha du cinéma français.
Il reçoit en 1935 la coupe Volpi (prix de la meilleure interprétation masculine) au Festival de Venise.
La Deuxième Guerre mondiale, puis l'Occupation ne l'arrêtent pas. Contrairement à certains artistes qui se réfugient aux USA; il reste en France. Il exprime ses sentiments de résistance dans
« Pontcarral, colonel d'Empire » (1942) de Jean Delannoy; dans « Patrie », réalisé par Louis Daquin et sorti en 1945. II obtient un franc succès dans « Le bossu » de Jean Delannoy encore. Lui-même réalise deux films aujourd'hui oubliés. En 1944, il est président (avec André Luguet) du Comité de libération du cinéma. On lui doit la réalisation et le commentaire du reportage sur la libération de Paris. Après 1945, sa carrière brille de tous ses feux; l'âge venant, il abandonne les rôles de jeune premier pour des rôles plus personnels dans des oeuvres fortes comme « La symphonie pastorale » (1946) d'après le roman d'André Gide, dirigé par Jean Delannoy, le film a un grand succès, mais l'interprétation de Pierre Blanchar est souvent jugée outrée; « Le bataillon du ciel » (1946) d'Alexandre Esway; « Après l'amour » (1947) de Maurice Tourneur; «Docteur Laennec » (1949) de Maurice Cloche.

C'est qu'il n'a jamais oublié Philippeville et il s'y rend de loin en loin. Il y est reçu avec respect et affection dans le grand appartement au-dessus du magasin ou

Partenaire des plus grands comédiens de son temps comme Marie Bell, Annie Ducaux, Michèle Morgan, Madeleine Ozeray, Simone Renan ou Harry Baur, Jean Dessailly, Louis Jouvet, Paul Meurisse, Raimu, entre autres, dirigé par les réalisateurs les plus renommés comme Claude Autan-Lara, Jean Delannoy, Julien Duvivier, Léon Poirier, Maurice Tourneur, pouvant interpréter des personnages historiques comme Chopin ou le Dr Laennec ou des personnages de la littérature comme Saint-Avit (« L'Atlantide ») ou Raskolnikov (« Crime et châtiment »), malgré son jeu que l'on juge maintenant trop appuyé, Pierre Blanchar demeure l'un des plus grands acteurs français du siècle dernier. Pour finir, laissons la parole à un comédien contemporain, Daniel Auteuil: « II y a quelque chose dans son visage qui n'est pas lié à son époque, un élan vital très fort qui s'exprime dès le premier regard ».
Yves Naz
Filmographie de Pierre Blanchar
En tant que réalisateur | |
- 1942 « Secrets » | Pierre Blanchar |
- 1943 « Un seul amour » | Pierre Blanchar |
En tant qu'interprète: | |
- 1919 « Papa bon coeur » | Jacques Gretillat |
- 1922 « Jocelyn » | Léon Poirier |
- 1923 « Aux jardins de Murcie » | René Hervil, Louis Mercanton |
- 1923 « Geneviève » | Léon Poirier |
- 1923 « Le juge d'instruction » | Marcel Dumont |
- 1924 « L'arriviste » | André Hugon |
- 1925 « La terre promise » | Henry Roussel |
- 1926 « Le joueur d'échecs » | Raymond Bernard |
- 1927 « La valse de l'adieu » | Henry Roussel |
- 1928 « Diane » | Eric Waschneck |
- 1928 « La marche nuptiale » | André Hugon |
- 1929 « Le capitaine Fracasse » | Alberto Cavalcanri |
- 1931 « La couturière de Lunéviïle » | Harry Lachman |
- 1931 « Les croix de bois » | Raymond Bernard |
- 1932 « L'Atlantide » | Georg Wilhelm Pabst |
- 1932 « La belle marinière » | Harry Lachman |
- 1932 « Mélo » | Paul Czinner |
- 1933 « Au bout du monde » | Henri Chomette, Gustav Ucicky |
- 1933 « Cette vieille canaille » | Anatole Litvak |
- 1933 « Iris perdue et retrouvée » | Louis Gasnier |
- 1933 « L'Or » | Karl Harti, Serge de Poligny |
- 1934 « Crime et châtiment » | Pierre Chenal |
- 1934 « Le diable en bouteille » | Heinz Hilpert, Reinhart Steinbicker |
- 1934 « Turandot, princesse de Chine » | Serge Lamprecht, Serge Véber |
- 1935 « Amants et voleurs » | Raymond Bernard |
- 1935 « Les bateliers de la Volga » | Vladimir Strichewsky |
- 1936 « L'homme de nulle part » | Pierre Chenal |
- 1936 « Mademoiselle Docteur : Salonique, nid d'espions » | Georg Wilhelm Pabst |
- 1937 « L'affaire du courrier de Lyon » | Maurice Lehrnann, Claude Autant-Lara |
- 1937 « La dame de pique » | Fédor Ozep |
- 1937 « L'étrange M. Victor » | Jean Grémillon |
- 1937 « Un carnet de bal » | Julien Duvivier |
- 1937 « Une femme sans importance » | Jean Choux |
- 1938 « A royal divorce » | Jack Raymond |
- 1938 « Le joueur » | Gerhard Lamprecht, Louis Daquin |
- 1939 « L'empreinte du dieu » | Léonide Moguy |
- 1939 « La nuit de décembre » | Kurt Bernardht |
- 1941 « La neige sur les pas » | André Berthomieu |
- 1942 « Pontcarral, colonel d'Empire » | Jean Delannoy |
- 1942 « Secrets » | Pierre Blanchar |
- 1943 « Un seul amour » | Pierre Blanchar |
- 1944 « Le bossu » | Jean Delannoy |
- 1945 « Patrie » | Louis Daquin |
- 1946 « Le bataillon du ciel » | Alexandre Esway |
- 1946 « La symphonie pastorale » | Jean Delannoy |
- 1947 « Après l'amour » | Maurice Tourneur |
- 1948 « Le bal de Cupidon » | Marc-Gilbert Sauvajon |
- 1948 « Docteur Laennec » | Maurice Cloche |
- 1949 « Mon ami Sainfoin » | Marc-Gilbert Sauvajon |
- 1959 « Du rififi chez les femmes » | Alex Joffé |
- 1959 < Katia » | Robert Siodmak |
- 1961 « Le monocle noir » | Georges Lautner |
In „“ l’Algérianiste““ n° 118